Les Sectes secrètes d'Afrique - La Langue Sanglante
« En ce qui concerne le Culte de la Langue Sanglante, dont j’entendis parler pour la première fois dans les hautes terres du Kenya, je notai des rituels d’une sauvagerie telle que je doute encore de la fidélité de mes propres notes.
Les adeptes se rassemblent autour d’un cercle grossier de pierres, gravées d’un symbole unique représentant une sorte de tentacule — ou d’appendice vermiforme — dressé vers un croissant de lune.
Ils y disposent un captif.
Puis, dans un silence religieux, l’initié le plus ancien prend une longue bande de cuir taillée dans une peau humaine tannée — je n’en ai aucun doute — et la passe entre les dents du supplicié.
Elle sert à absorber les premiers hurlements.
L’un d’eux, que l’on nomme le Porteur du Vent Noir, ouvre alors la gorge de la victime à l’aide d’une lame grossière.
Mais ce qui suit défie toute logique.
Le sang s’élève.
Je note bien : il ne s’écoule pas. Il s’élève.
En minces filaments, comme attirés vers le haut par une force opposée à la gravité.
Les initiés lèvent alors leurs visages vers la lune et tendent leurs langues, qu’ils entaillent d’un geste vif.
Ils répètent en chœur, dans un dialecte kikuyu que je ne pus identifier complètement :
« Qotha-ha ! Qotha-ha ! »
que mon interprète traduisit approximativement par :
« Il vient. Il respire. »
Une fois, j’eus la funeste idée d’approcher davantage.
Je vis alors que les filaments de sang se rassemblaient au-dessus du cercle, formant une masse floue, palpitante, qui semblait vibrer… comme si quelque chose tentait d’y prendre forme.
Les initiés se mirent à trembler.
Certains se fracturèrent volontairement les doigts pour en répandre le sang supplémentaire.
J’eus soudain la conviction terrible qu’ils n’adoraient pas une créature abstraite.
Mais quelque chose qui répondait vraiment. »
Commentaires
Enregistrer un commentaire