Les Sectes secrètes d'Afrique - Chapitre IX

 Chapitre IX — Croyances et Cultes Anomiques de l’Afrique Centrale

Nigel Blackwell, 1916

« Parmi les sectes les plus singulières observées durant mes séjours dans les territoires du Congo et de l’Ouganda, aucune ne me frappa autant que celle que les indigènes nomment Ahtu-le-Vermineux, que je ne puis rattacher à aucune divinité connue.

Les cérémonies auxquelles j’ai assisté, souvent depuis un poste d’observation dissimulé, présentent un caractère de barbarie que je peinerais à décrire sans trahir la rigueur scientifique.
Les adeptes d’Ahtu entaillent leurs chairs en longues incisions parallèles, à l’aide de lames d’obsidienne soigneusement entretenues. Il est remarquable que ces entailles ne semblent ni infecter ni cicatriser normalement. Elles demeurent… béantes, comme si elles attendaient d’être remplies.

Et c’est exactement ce qui se produit.

Dans ces plaies, les initiés déposent de petits fragments de leur propre chair arrachée aux cuisses ou au ventre, qu’ils mastiquent d’abord longuement afin de former une pâte sanguinolente avant de la recracher dans leurs blessures. Le but, m’expliqua un interprète, est de nourrir Ahtu, qui “rampe sous la peau et boit la vie par les meurtrissures”.

J’ai observé un adepte en transe, ses plaies gonflées d’une matière blanchâtre, palpiter comme si quelque chose remuait à l’intérieur. Il riait. Ses yeux étaient révulsés.
Il répétait :
« Il me façonne. Il me façonne. »

Je ne pus m’empêcher de noter que sa cage thoracique ondulait sous la peau, à la manière d’un sac rempli d’asticots. »