New York - Vendredi 16 janvier 1925

 Vendredi 16 janvier 1925


Au lendemain de cette nuit d’horreurs indicibles, la neige recouvrant la ville semblait vouloir ensevelir jusqu’au souvenir des événements passés. Mais pour nos investigateurs, le mystère ne faisait que commencer. Tiraillés entre un sentiment de devoir et une peur sourde, ils se dispersèrent pour suivre différentes pistes laissées dans le sillage sanglant des meurtriers de Jackson Elias.


Sam et la résidence Carlyle

Guidé par un pressentiment ou peut-être une intuition morbide, Sam concentra ses efforts sur l’une des plus illustres figures de la haute société new-yorkaise : Erika Carlyle, sœur de feu Roger Carlyle, célèbre pour sa funeste expédition en Afrique. À force de persuasion et d’entregent, il parvint à obtenir l’adresse de la résidence Carlyle et s’y rendit, espérant arracher un entretien avec cette énigmatique figure.

L’opulence de la demeure, empreinte d’un luxe presque insolent, semblait à elle seule une barrière contre les ténèbres extérieures. Mais Sam sentait, derrière cette façade de richesse, les échos d’une tragédie bien plus profonde.

Sam ne réussit, malgré d’habiles paroles à rencontrer Erika Carlyle. Cependant, il obtint le nom d’un certain Bradley Grey, conseiller d’Erika, et associé au cabinet d’avocats-conseils Dustan, Whittleby & Grey (New York,57e rue).


Alessandro, Edward et Sam chez Emerson Import

Pendant ce temps, Alessandro, toujours pragmatique, se rendit avec Edward et Sam aux entrepôts de la société Emerson Import. Le lieu, austère et marqué par l’effervescence industrielle, dégageait une étrange vibration, comme si les objets qu’il abritait étaient liés à d’antiques secrets.

Interrogeant habilement le personnel, Le patron, Ralph Emerson, un type trapu au visage couperosé par le froid ou le tord-boyau de contrebande, se montre relativement courtois et disponible. Il leur expliqua que Jackson Elias n’était pas venu chercher un colis mais se renseignait plutôt sur les importateurs new-yorkais susceptibles d’avoir des contacts avec Mombasa, au Kenya. Or ils apprirent qu’effectivement Emerson Import travaillait avec un exportateur là-bas, un certain Ajah Singh, dont le seul client sur New York était la boutique JuJu, un petit magasin situé au 1, Ransom Court, à Harlem. Ce renseignement semblait avoir intéressé Elias. Quant aux marchandises il s’agissait, selon Ralph Emerson, de « trucs de nègres »


Blair et l’inspecteur Poole

De son côté, Blair choisit de poursuivre ses démarches auprès des forces de l’ordre. Se rendant au quartier général de la brigade criminelle du NYPD, il demanda à voir le lieutenant Poole. Ce dernier était absent, mais Blair put s’entretenir avec un agent connaissant bien son père. Ce dernier lui confia qu’une enquête menée par le lieutenant Pool était en cours sur huit  meurtres similaires, où des symboles ésotériques et des pratiques rituelles avaient été impliqués, mais aucune piste solide n’en avait émergé.


Un voile qui s’épaissit

Alors que le jour avançait, le poids des découvertes s’amoncelait sur les épaules de nos investigateurs. Chaque indice, chaque conversation ne faisait qu’approfondir l’abîme d’incertitudes dans lequel ils étaient plongés.

La carte de la fondation Penhew évoquait des mystères à Londres, tandis que le nom de Faraz Najir pointait vers les sables brûlants du Caire. Le prospectus du professeur Cowles et la photographie du port de Shanghai dessinaient des trajectoires aussi éloignées que menaçantes.

Et pourtant, au milieu de cette cacophonie d’énigmes, une certitude demeurait : Jackson Elias avait été sacrifié pour une cause qui dépassait leur entendement. Les meurtres, les symboles, et cette étrange fureur habitant les assassins semblaient témoigner d’une vérité plus ancienne et plus terrible que les civilisations elles-mêmes.


Vendredi 16 janvier 1925 - Après-midi

Un froid glacial enveloppait New York lorsque les cinq investigateurs se réunirent dans l’opulent appartement d’Alessandro Cagliostro, au cœur de Manhattan. Sous les dorures et les boiseries qui semblaient murmurer des secrets anciens, ils dégustaient un repas préparé avec une attention presque rituelle par Margarita, gouvernante discrète mais perspicace. L’atmosphère était lourde, chargée de pressentiments sombres, alors que chacun, d’un regard inquiet, mesurait la profondeur de l’abîme dans lequel ils s’engageaient.


Sam Genero, journaliste à la plume acérée, consigna dans un rapport les maigres indices collectés jusqu’alors : fragments épars d’une vérité sans doute effroyable autour de l’expédition Carlyle et du meurtre de Jackson Elias. Une fois son travail achevé, il quitta les lieux et se rendit au cabinet d’avocats Dustan, Whittleby & Grey, niché dans la 57e rue. L’endroit, austère et baigné d’une lumière blafarde, semblait lui-même porteur de mystères inavoués. Sam transmit son rapport à l’attention de Bradley Grey, avocat de confiance d’Erika Carlyle, à une hôtesse aux manières impeccables, avant de rentrer chez lui. Là, le silence de sa demeure fut brisé par un appel téléphonique du lieutenant Martin Poole, qui lui donna rendez-vous au commissariat pour le lendemain à 10 h.


De son côté, Blair Elsner, l’historien érudit, se rendit à la New York Public Library, une cathédrale de savoir dont les vastes salles résonnaient faiblement des murmures des érudits. Il y compulsa des ouvrages anciens, cherchant à élucider l’origine du symbole gravé sur le front de Jackson Elias, une marque macabre qui semblait presque vivante dans son esprit. Après des heures de recherches, il découvrit une piste terrifiante : le symbole était lié à un culte antique nommé la Langue Sanglante, une secte hérétique chassée d’Égypte à l’époque des pharaons. Ce culte avait survécu au fil des siècles, migré vers des contrées lointaines et impénétrables – le Kenya, plus précisément. Lorsqu’il quitta la bibliothèque, la nuit était tombée, et l’air hivernal mordait sa chair.
Une Hudson noire, sombre comme un présage, sembla le suivre dans l’ombre des rues, mais elle disparut avant qu’il ne puisse distinguer sa plaque. 



Pendant ce temps, Alessandro Cagliostro, accompagné de Martin Winifred et Edward Lee, tenta d’atteindre le professeur Cowles à l’université Miskatonic au sujet de sa conférence sur les cultes polynésiens. L’homme, pourtant érudit en cultes obscurs, restait hors de portée, et Alessandro dut se contenter de laisser un message. Ils prirent ensuite la direction de la capitainerie, dans l’espoir d’en apprendre davantage sur le Phalaropée, le navire lié aux derniers jours de Jackson Elias. Là, sous les plafonds bas et les vapeurs de la mer, ils rencontrèrent le capitaine John Acevedo, qui leur apprit que le navire avait quitté Londres le 17 décembre 1924 et était arrivé à New York le 13 janvier. Mais, sinistre coïncidence, il était reparti pour Londres à peine deux jours après le meurtre de leur ami. 


De retour dans l’appartement d’Alessandro, les investigateurs, réunis autour d’un dîner de raviolis, trouvèrent un moment de répit, mais l’ombre de Jackson Elias hantait toujours leurs pensées. Au cours du repas, Jonah Kensington, l’éditeur de Jackson, appela pour annoncer que l’enterrement aurait lieu le lundi 19 janvier au cimetière d’Evergreens. Alessandro profita de cet appel pour fixer un rendez-vous chez Prospero Press le lendemain. Poussé par une intuition troublante, il adressa également un télégramme à Victoria Post, espérant renouer contact avec cette amie liée à Erika Carlyle.

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