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Affichage des articles du juin, 2025

New-York - Vendredi 23 janvier 1925

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Le vent soufflait toujours, râpeux et glacé, comme un murmure d’avertissement au creux des ruelles étroites de Harlem. Mais à l’intérieur de la pension où s’étaient réfugiés les investigateurs, c’était un autre froid qui régnait — celui de la connaissance interdite, lentement distillée au fil des pages noircies par des plumes trempées dans la folie. La journée s’écoula dans une atmosphère de fièvre studieuse et d’angoisse latente. Les blessures étaient pansées, les corps reprenaient leur souffle, mais les esprits, eux, plongeaient tête la première dans des abîmes dont ils ne reviendraient peut-être jamais. Sam Genero s’empara du manuscrit La Vie d’un Dieu , journal unique de Montgomery Crompton , artiste anglais halluciné et vétéran brisé, arrivé en Égypte en 1805 pour fuir ses fantômes et y découvrir pire. Crompton, plume grandiloquente et esprit en décomposition, y relatait ses nuits dissolues, ses déambulations dans les souks du Caire saturés d’encens, ses hallucinations colorées...

New York - Jeudi 22 janvier 1925

  15h00 — Demeure Carlyle, comté de Westchester L’automobile glissait lentement sur le gravier blanc d’une allée bordée de chênes séculaires, dont les branches dénudées tendaient leurs bras noirs vers un ciel d’ardoise. Le vent, froid et cinglant, murmurait à travers les ramures des arbres, charriant les derniers flocons d’une tempête oubliée. Au bout de l’allée, la demeure Carlyle s’élevait, vaste et intimidante, comme une forteresse de pierre et de silence, bâtie pour résister aux ravages du temps — et peut-être à ceux de la vérité. Lorsque les investigateurs franchirent le seuil de cette bâtisse austère, une odeur de cuir ciré, de bois ancien et de cendres froides les enveloppa aussitôt. La chaleur du vestibule tranchait avec la morsure glaciale de l’extérieur, mais cette chaleur n’était qu’une façade : l’air y demeurait figé, solennel, imprégné d’un poids invisible. Un majordome aux traits taillés dans le granit et au regard aussi impénétrable qu’un masque mortuaire les guid...

New York - Mercredi 21 janvier 1925

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La nuit du 21 au 22 janvier : l’appel des morts À 2h du matin, Martin Winifred fut happé par un cauchemar d’une puissance innommable. Il revécut les tranchées, la puanteur de la chair pourrissante, les murmures des morts et le visage de son ex-femme et d’un enfant déformé, brûlé. Quand il se réveilla en sursaut, le cœur affolé, le souffle court, l’odeur de cendre et de mort persistait autour de lui. Il n’était plus certain de ce qui était réel… et de ce qui avait traversé avec lui la barrière des songes. À l’aube, Charlie vit un camion de livraison s’arrêter devant la Ju-Ju House. Des caisses marquées Emerson Import furent déchargées. Peu après, Silas ouvrit sa boutique, aussi serein qu’un commerçant ordinaire. Mais Charlie savait. Quelque chose se préparait. L’ombre d’Arkham  Tandis que la peur s’infiltrait dans les ruelles de Harlem, les investigateurs prenaient la route d’Arkham. À leur arrivée, le vent mordait les joues, et les maisons de la ville semblaient se recroque...